L'argument est recevable uniquement si on occulte tout le problème des renouvelables. C'est l'argument favori des anti-nucléaires, qui se base sur des études de LCOE (Levelized Cost Of Energy). Elles consistent grosso modo à tenter d'estimer le coût du cycle de vie d'une centrale électrique d'un certain type (nucléaire, solaire, éolienne, gaz, charbon...) en tenant en compte de plusieurs paramètres, comme le facteur de charge moyen, la durée prévue de fonctionnement moyenne, le coût du démantèlement moyen, etc.
Sauf qu'une centrale nucléaire, tu la construis sur un terrain vague, tu la branche au réseau, tu l'alimentes, tu l'entretiens, tu la démontes à la fin et finit. C'est simple à estimer les coûts, déjà parce qu'on en a déjà fait plein, et ensuite parce que la majorité du coût total, tu l'investis pour la construction.
Sauf que pour l'éolien ou du solaire, déjà le facteur de charge va changer selon où tu les places, ensuite plus on investit dedans plus ça risque de coûter plus cher que prévu en terrain et en ressources (surtout si pénurie) étant donné leur très faible densité énergétique.
Mais la plus grosse arnaque, c'est que les LCOE ne tiennent pas compte de la non-pilotabilité de l'éolien et le solaire :
- C'est bien beau de calculer 15% de facteur de charge moyen sur l'année pour le solaire mais si tu produis la majeure partie de ton électricité en été alors que tes pics de consommation sont en hiver, eh bien la majeure partie de ta production sera gaspillée et inutile, et t'auras quand même des black-outs.
- Si il n'y a plus assez de vent et de soleil en hiver (ou même trop de vent) dans toute l'Europe, tu n'as plus de courant au beau milieu de ton pic de consommation. Et c'est pas une fiction, on a eu des pénuries de vent de plusieurs jours dans la quasi-totalité de l'Europe en 2021 et 2022, et avec le réchauffement climatique ça risque de s'intensifier.
Alors la réponse habituelle à ce genre de critique, c'est "Oui mais on peut faire de la redondance, oui mais on peut faire des STEPs, oui mais on peut faire des batteries".
Ok, mais tout ça, d'une part c'est pas compté dans les LCOE, donc au final l'éolien et le solaire vont coûter plus cher que ce qui est prétendu, et ensuite on n'a tout simplement aucune idée de la faisabilité à l'échelle de nations, voire de continents, que ce soit en termes de ressources, d'espace utilisé, etc.
En conclusion, le nucléaire ce n'est pas simple, mais au moins on a la preuve que ça marche très bien, et on sait ce dans quoi on s'embarque.
Phénix, Superphénix, les réacteurs gen IV, on a déjà des prototypes éprouvés qui marchent pour réutiliser une bonne partie de nos déchets. Petit topo sur la quantité de déchets qu'on doit gérer et comment.
600 millions pour la centrale de Maine Yankee aux États-Unis, 300 à 400 millions par réacteur selon les USA en 2018. Ça paraît beaucoup, mais pour donner un ordre d'idée, avec les prix actuels, un réacteur va produire pour 1-3 milliards d'euros d'électricité par an pendant plus de 50 ans, donc quelque chose comme 50 à 150 milliards d'euros durant son cycle de vie.
C'est des estimations, mais on a quelque chose, alors qu'avec le solaire et l'éolien, on n'a absolument aucune idée de combien vont nous coûter les infrastructures pour le stockage, parce qu'on n'a aucune idée de ce qu'on peut faire pour stocker ce qu'il faut pour compenser la non-pilotabilité.